28 septembre 2023 - L’Association canadienne des travailleuses et travailleurs sociaux (ACTS) milite pour la défense des droits des jeunes 2ELGBTQIA+ au Canada. Récemment, certaines interventions et prises de position à travers le pays, émanant de gouvernements provinciaux, ont visé à compromettre la dignité des enfants et des jeunes transgenres, non-binaires et queer. Nous tenons à réaffirmer notre soutien indéfectible envers toute la communauté 2ELGBTQIA+, et en particulier envers les enfants et les adolescents en ce moment précis.
Les gouvernements provinciaux du Nouveau-Brunswick et de la Saskatchewan ont récemment mis en place des mesures discriminatoires à l’encontre des 2ELGBTQIA+, stipulant que les écoles doivent notifier les parents ou tuteurs lorsqu’un élève souhaite être désigné par un nom ou un genre différent de celui attribué à sa naissance. Les provinces avaient jusqu’à maintenant des politiques exigreant du personnel scolaire qu’il s’adresse aux enfants par leurs noms et leurs prénoms choisis, et qu’il n’en fasse part aux parents qu’avec la permission de l’intéressé. Ces politiques visaient à protéger les élèves 2ELGBTQIA+ susceptibles de se retrouver dans des situations de danger ou d’abus au sein de leur foyer. C’est un pas en arrière pour le Canada. Outre ces nouvelles mesures, la rhétorique au sein du gouvernement fédéral, dans d’autres provinces et de la part de certains défenseurs des droits parentaux, est devenue virulente, visant particulièrement les enfants et les jeunes trans, non-binaires et queer. L’ACTS dénonce fermement ces attitudes.
Un des fondements intemporels du travail social repose sur la reconnaissance de la valeur intrinsèque et de la dignité de chaque individu. Il incombe aux travailleurs sociaux de défendre le droit à l’autodétermination de chaque personne et de veiller à la protection de ses droits. Respecter les pronoms et l’identité de chacun est un élément essentiel de cette mission. Depuis toujours, les enfants et les adolescents ont eu l’opportunité de grandir et de se lancer dans leur propre quête d’identité. Si les parents ou tuteurs peuvent naturellement jouer un rôle dans ce cheminement, il est incontestable qu’au fil de la maturation des jeunes, leurs aspirations, leurs convictions et leur identité se façonnent et évoluent de manière autonome.
L’ACTS est convaincue que le droit à l’autodétermination des enfants et des adolescents prévaut sur le droit des parents ou tuteurs d’être renseignés sur les aspects intimes de la vie de leur enfant. Cette position s’aligne sur la doctrine du « mineur éclairé » dans la jurisprudence canadienne, laquelle stipule que les enfants suffisamment matures peuvent prendre leurs propres décisions en matière de traitement.
Cette position est également conforme à notre Code de déontologie qui stipule : Les travailleurs sociaux qui ont des enfants comme clients déterminent la capacité de l’enfant à donner son consentement et, le cas échéant, expliquent à l’enfant et aux parents ou tuteurs de l’enfant, la nature de la relation du travailleur social avec l’enfant.
Un des piliers du travail social, et d’ailleurs de la majorité des professions de santé, est l’attachement à la confidentialité et au respect. L’ACTS mesure le tort que peut causer la divulgation prématurée de l’identité d’une personne appartenant à la communauté 2ELGBTQIA+. Une telle révélation peut gravement nuire à sa santé mentale. Les politiques ou directives imposant la révélation de l’identité d’un enfant ou d’un adolescent trans, non-binaire ou queer à leurs parents sont non seulement dangereuses, mais également contraires au code de déontologie de l’ACTS.
Les travailleurs sociaux ont la responsabilité de lutter contre la montée en puissance de la rhétorique enflammée, du discours haineux, des politiques rétrogrades et des violences envers la communauté 2ELGBTQIA+ au Canada. La profession est déterminée à persévérer dans l’accompagnement et le soutien apportés aux enfants et adolescents trans, non-binaires et queers, y compris de manière anticipée. Beaucoup traversent des moments éprouvants. Nous devons rester solidaires et accorder la priorité à l’enfant.